ADAPTER (J.M. Caré)

     Dans le courant des années soixante, le coûteux développement éditorial des méthodes SGAV pour l'enseignement-apprentissage du FLE (méthodes plus familièrement appelées audio-visuelles) pousse les institutions françaises à l'étranger à généraliser leur utilisation un peu partout dans le monde. C'est ainsi que des méthodes pour adultes (Voix et Images de France) ou pour enfants (Bonjour Line) vont être utilisées dans des centres culturels, bureaux pédagogiques, Alliances françaises, aussi bien au Maroc qu'en Italie ou encore aux États-Unis.

Cette vision universaliste de l'apprentissage linguistique va se heurter bien vite aux disparités linguistiques et culturelles des pays ciblés. Parallèlement, les pédagogues découvrent la linguistique contrastive et le rôle de la langue maternelle dans l'apprentissage d'une langue étrangère. Des centres de recherche comme le BELC, en France, multiplient les études contrastives en matière de langue mais aussi de culture. Il propose à cette époque des exercices de phonétique corrective pour anglophones ou hispanophones par exemple.

     À l'étranger, dans les très nombreux bureaux pédagogiques français, on se met à adapter cette méthodologie un peu trop universaliste aux contextes locaux. Beaucoup de méthodes locales tenant compte de la langue maternelle des apprenants sont adaptées à leurs conditions d'apprentissage ainsi qu'à leur environnement socio-culturel.

Mais l'adaptation la plus spectaculaire sera technologique, puisqu'un petit rectangle bleu marine, le tableau de feutre, sur lequel on déplacera des figurines en carton floqué, viendra remplacer la très lourde technologie SGAV dans des contextes ne pouvant s'offrir ce luxe.