Le BELC (J.M. Caré)
A l’origine, il y eut le BEL (Bureau d’Etudes et de Liaison) créé par G.Capelle en septembre 1959. Un mois plus tard, le Centre d’Etudes du Français Elémentaire devenait le Centre de Recherches et d’Etudes pour la Diffusion du Français (CREDIF) sous la direction de G. Gougenheim et de P.Rivenc. C’était au temps où l’on ne chassait pas encore le doublon, le temps béni de la concurrence dynamique. C’était le temps de la rue Lhomond et du Quartier Latin. Les financiers n’avaient pas encore pris le pouvoir.
Le 1er janvier 1966, le BEL fusionne avec le Centre de Recherche pour l’Enseignement de la Civilisation (CREC) fondé par G.Michaud en 1960 et devient le BELC, Bureau pour l’Enseignement de la Langue et de la Civilisation française à l’étranger.
Francis Debyser en prend la direction en 1967.
Qu’est-ce que le BELC?
Quand on lui posait la question, F.Debyser pouvait répondre comme un notaire : le BELC est une section spécialisée du CIEP (Centre International d’Etudes Pédagogiques) lui-même rattaché à l’INRP (Institut National de la Recherche Pédagogique) du ministère de l’Education Nationale. Mais c’était bien vite pour passer à quelque chose de plus prosaïque : une boîte, des gens, une famille, une équipe (1), des travaux, disait-il.
A l’époque, c’est une boîte de recherche, une boîte à réflexion, une boîte à idées fortement ancrée dans le réel, l’action, la formation. Sous l’impulsion de F.Debyser, au début des années 70, les formations du BELC, stage dit long d’une année et stages d’été, vont gagner en notoriété et accueillir des stagiaires français et étrangers de plus en plus nombreux. De conception modulaire, les stages d’été permettent aux stagiaires de se construire des parcours de formation personnalisés. Au fil des années, les contenus proposés vont suivre l’évolution de la didactique des langues étrangères : années «linguistique» à Aix en Provence 1967-1969, années «formation» à Grenoble 1970-1973 et St Nazaire 1974-1976, années «communication» à Marseille-Luminy 1977-1979, années « créativité» à St Nazaire 1980-1990, années «universitaires» au Mans 1991 où l’on commence à intégrer une préparation à la mention FLE de licence et à Strasbourg 1992-1994.
En effet, au tournant des années 80, le FLE devient une discipline universitaire. 25 universités ouvrent en 1983 les premières mentions FLE de la licence de lettres modernes ou de langue vivante. L’année suivante, la maîtrise est créée. Les DEA et les doctorats suivront. Le BELC prend rapidement en compte cette nouvelle dimension. Ce sont aussi les années des universités d’été qui réunissent, une semaine durant, des publics autour de thèmes et de pratiques spécifiques : la correspondance vidéo, l’interculturel ou l’enseignement des langues en région frontalière.
En février 1994, le BELC, délocalisé, doit quitter le 9 de la rue Lhomond et emménager dans les locaux du CIEP de Sèvres. Le BELC est alors intégré au Département de Langue Française. Marie Laure Poletti en prend la direction. L’équipe de la rue Lhomond se dilue dans cette nouvelle entité. De moins en moins nombreuse, elle réduit ses activités de recherche au profit de la formation. En février 2000, le BELC organise à Sèvres son premier stage d’hiver. Quelques années plus tard, les organisateurs font, pour l’été, le choix de l’université de Nantes. Les stages d’hiver et d’été, rebaptisés «Universités BELC, les métiers du français dans le monde», s’orientent vers plus de professionnalisation. L’intitulé BELC sert désormais à labelliser des opérations de formation : préparation au master 2 : Ingénierie de l’enseignement et de la formation en FLE délivré par le FCLE de Nantes, organisation d’universités régionales BELC centrées sur des zones géographiques : Moyen Orient, Emirats arabes Unis, Asie, Afrique, Amérique Latine, Maghreb.
Jusqu’au début des années 90, le BELC a toujours pu alimenter ses activités de formation par le résultat de ses recherches. C’est que, parallèlement, il a engagé de nombreuses recherches en didactique du FLE et développé, en association avec la revue Le Français Dans le Monde une politique éditoriale dynamique. F.Debyser, en bon linguiste, a suivi les grands courants de l’époque : structuralisme, ethno-méthodologie de la communication, analyse de discours, sémiotique, pragmatique, et permis à de petites équipes d’en faire d’intéressantes applications.
Dès 1976, il réunit une petite équipe qui va travailler sur la thématique du jeu et de la créativité. Ces travaux vont bientôt déboucher sur un grand nombre de publications dont les simulations globales.
En 1987, soit après 20 ans à la direction du BELC, F.Debyser est nommé directeur-adjoint du CIEP. Lui succèdent JC.Mothe, D.Bertrand et ML.Poletti.
Progressivement, le BELC va perdre sa mission de recherche, son statut de boîte à idées et l’acronyme va servir de logo à des opérations de formation (2).
On connait le panneau routier «ralentir-travaux»; mais l’inverse, l’absence de travaux peut aussi, parfois, faire ralentir! Et, j’ajouterai ici, pour finir, une note très personnelle. Pendant une trentaine d’années, le BELC s’est construit sur la synergie travaux de recherche/ formation. La boîte à idées a longtemps alimenté la boîte de formation. Cette constante mise à l’épreuve de l’innovation a été sa marque de fabrique et a fondé sa réputation. Je me dois d’espérer que, pour la préserver, les universités BELC sauront poursuivre cette belle histoire et faire que le passé inspire encore un peu l’avenir.
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(1)
et parfois plus poétiques, F.Debyser comparait aussi le BELC à une bande de joyeux saltimbanques qui avait pris l’habitude de planter son cirque dans une université. Un ami québécois lui avait dit un jour « elle est pas pire, ta gang» !
(2)
Les publications BELC n’ayant connu qu’une édition artisanale sous forme de brochures multigraphiées sont actuellement en cours de numérisation et accessibles au Centre de Ressources du CIEP.
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